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Noms de rues et Plans 

        5/12/08
Par Maurice Charras *

Avec tous mes remerciements à Mme Moreau, directrice de l'école P-E- Victor pour son accueil.

L’école maternelle Paul Émile Victor du 14 de la rue Léo et Maurice Trouilhet, près de l’église Saint Maurice, possède sur sa façade, à la hauteur du premier étage la plaque étrange ci-dessous :

I

       Ce qui nous pose plusieurs questions :
   La « salle d’asile » Est-ce un refuge pour personnes à la rue ? Est-ce un asile pour personnes handicapées ?
   Qui était donc ce généreux donateur ?
   Pourquoi la création d’une salle d’asile rue Saint Gilbert (aujourd’hui Trouilhet)?

        Au début du XIX ème siècle, avec la révolution industrielle se développent des lieux d’accueil pour les enfants de 2 à 6 ans. Leur vocation première est d’offrir un refuge de protection aux enfants que l’on appellera salle d’asile ou d’hospitalité. Guizot (1787-1874) ministre de l’instruction publique de 1832 à 1837, qui par sa loi du 26 juin 1833 oblige chaque commune à ouvrir une école primaire, dit des enfants des salles d’asile « que leurs parents pauvres et occupés ne savent pas comment  les garder chez eux »  Le successeur de Guizot, Pellet, par sa circulaire du 9 avril 1836 donne une existence officielle et une charte. C’est le comte Achille de Salvandy  ministre de l’instruction publique qui publie l’ordonnance du 22 décembre 1837 fondant les salles d’asile qui sont à l’origine des écoles maternelles, cela confère aux salles d’asile un statut officiel en les définissant comme « des établissements où les enfants des 2 sexes peuvent être admis pour recevoir des soins de surveillance maternelle et de première éducation que leur âge réclame »
       Organisation et pédagogie des salles d’asiles :
une salle unique où les enfants nombreux , une centaine par salle d’asile et plus, sont parfois installés sur des gradins, avec pour matériel un tableau noir, des tableaux de lecture, des bouliers, des images et quelques ustensiles de ménage.
      Leçons magistrales : rythmées par le claquoir et les prières dans les écoles privées, des enfants moniteurs formés par les plus âgés, sont chargés ensuite de faire exercer les plus jeunes (modèle de l’enseignement mutuel)
      
       En 1837 le nombre de salles d’asile à Lyon est de 6

   Pour la France :
      En 1843 le nombre de salles d’asile : environ 1500

      En 1880 le nombre de salles d’asile : environ 4650

    
  Les salles d’asiles sont privées ou publiques, laïques ou congréganistes.

                                   Asile Four

         Origine de l’Asile Four au 14 de la rue Saint Gilbert : Pierre Antoine Four qui demeure au 8  de la rue Rossan, rue perpendiculaire au cours A. Thomas, rédige son testament le 20 août 1864 en faisant la donation suivante à la ville de Lyon : «  Je désire conjointement aux dernière volontés de ma femme et de la mienne, fonder à Monplaisir-lès-Lyon, une Salle d’Asile pour les pauvres enfants des deux sexes , sans aucune distinction , et, s’il est possible , avec la modeste somme que je laisse , leur donner la soupe tous les matins, je désire que la dite Salle porte notre nom : Salle d’asile Four.Pour cela faire, je laisse la propriété que je possède jardin et dépendances, mobilier…. Quatre actions de chemin de fer Paris-Lyon et 35 000 fr…  Je laisse mon second testament a M. J.L. Richard , maire du 3° arrondissement, qui sera mon exécuteur testamentaire » Le 8 février 1872 Pierre Antoine Four, rentier, décède et la ville de Lyon va mettre en exécution son testament et pour ce faire acheter une propriété à « Monplaisir-lès-Lyon » c’est à dire au 14 de la rue Saint Gilbert. Sur l’acte de vente, du 5 novembre 1875, nous retenons ceci : La propriété appartient à M. Jean Claude Philippe et à Mlle Philippe qui «  voulant aider à la création d’une salle d’asile vendent  à la ville de Lyon un immeuble désigné sous le nom de maison de la Vierge au 14 de la rue Saint Gilbert (Trouilhet) qui se trouve confiné à l’ouest par la propriété des vendeurs, donc le 12, à l’est par celle de l’abbé Buer.
        Origine de cette propriété de 840 m² : l’immeuble a été élevé par les mariés Perrière et Cottin en 1852. Ils avaient acquis ce terrain de M. Cognat fabricant de tuiles à Monplaisir. Cette propriété venait d’un tènement plus considérable acquis par M. Dufour auprès de M. Marie Vidal Henry des Tournelles en 1842 qui l’avait recueilli dans la succession de son Père en 1796.
Voir Château des Tournelles.
       Entre les 2 propriétés Philippe se trouvait une porte de communication qui continuera d’exister à titre précaire pour accéder « au puits source se trouvant sous le mur séparant les 2 propriétés  et aussi de faciliter de temps à autres l’accès aux Enfants de l’Asile afin de varier leur récréation » Prix : une rente annuelle et viagère de 500 fr sur la tête des vendeurs, sans réduction au premier décès. La ville de Lyon reconnaît les conditions très avantageuses de l’acquisition de la propriété Philippe dont la valeur estimative est de 10 000fr
       Après une campagne d’affichage d’environ 250 affiches, une adjudication est lancée le 8 juillet 1876. La soumission sera sur papier timbré et énoncera le rabais en toutes lettres. Estimation des travaux 19 500 fr. Les travaux seront exécutés pour la somme de 17 433fr

Plan de l'Asile Four

Sur ce plan nous remarquons que la définition des salles d’Asile est bien respectée : classe unique avec des gradins. Les toilettes, appelées lieux, sont dans la cour, comme toutes les écoles jusqu’a un vingtième siècle bien avancé et sont certainement très aérées ! Cet Asile est équipé d’une cuisine mais il ne figure pas de réfectoire.

Cinq ans plus tard

Carte postale vers 1900 ?

L’Asile Four dut avoir du succès : dans une lettre adressée au préfet du Rhône le 23 décembre 1880, madame Sisley, présidente du comité de patronage, demande: «  des agrandissements, nous y avons maintenant  80 enfants qui sont tellement serrés dans la classe qu’il est presque impossible de leur faire les exercices physiques corporels voulus par le  règlement, les gradins sont  complètement pleins et nous sommes obligés de refuser des enfants… » lettre soussignée par le maire du 3° arrondissement. Un  appel d’offre est lancé par une campagne d’affichage de 250 affiches  en février 1882, avec une mise à prix de 15.000fr. L’adjudication sera de 13.000fr. Un réfectoire est construit à l’emplacement du préau, la cuisine et le parloir sont inversés et la salle  d’asile est agrandie coté cour.

Que savons nous sur Pierre Antoine Four ?

      A vrai dire pas grand chose. Par son extrait de naissance nous apprenons qu’il naquit le 2° jour complémentaire de l’an VIII  à Lyon division nord, au 121 de la rue Saint Georges et son père est coutelier. Son mariage est célébré le 28 juillet 1821 et il est ferblantier, Marie Anne Silvestre son épouse, née à Vienne le 16 frimaire de l’an VII  « a déclaré sous serment n’avoir jamais connu sa mère et ignorant en conséquence le lieu de son domicile »
      Nous apprenons qu’il avait une sœur qui intentera un procès à la ville de Lyon instituée légataire universelle. Cette action se terminera par un compromis d’une rente annuelle de 600fr. Cela suppose que les époux Four étaient sans enfant et que la jeunesse brisée de Mme Four explique le sens de cette donation.
 

Evolution de cette asile en maternelle

Le nombre d’élèves augmentant, la ville de Lyon, par un vote du 9 novembre 1973, fait l’acquisition de la propriété située au 12 de la rue Saint Gilbert pour la somme  de 320.000 fr. et d’une surface de 860 m². Remarquons ce petit retour de l’histoire: les 2 immeubles du 12 et 14 appartiennent de nouveau à un même propriétaire mais cette fois à la ville de Lyon et ne seront plus séparés comme à l’origine par un mur avec une porte de communication!
   En 1985 l’escalier de bois du 14 sera remplacé par un escalier maçonné. L’Asile Four s’appellera ensuite école maternelle Lumière et se verra attribuer, le 3 décembre 1995 sous l’impulsion d’André Soulier, le nom d’école maternelle Paul Emile Victor ainsi que l’école primaire du 14 de la rue Edouard Rochet, ces 2 écoles étant le même groupe scolaire. Petit problème: elles sont à quelques 500 mètres l’une de l’autre, bonjour les erreurs !

 

 L'école en 2008

    

 

 

 

 

 

 

 

       
        L’école maternelle P.E.Victor accueille 160 enfants, de 3 à 6 ans, encadrés par 6 enseignants, 6 ATSEM ( agents territoriaux, spécialité école maternelle) et une responsable  du restaurant scolaire. Des vacataires assurent le périscolaire:  
     - au rez-de-chaussée : 3 salles de classe, un hall, un réfectoire (50 convives), un dortoir (27 couchettes), une salle polyvalente et des sanitaires,

     - au 1er étage : 3 salles de classe
     - et  au 2ème et dernier étage : une Bibliothèque Centre Documentaire
. Derrière ce bâtiment à la façade de pierre toute grise se  dissimule un grand jardin ombragé par un mûrier et une cour où les enfants peuvent s’ébattre pendant les récréations.


Bibliographie :

- Classe musée École publique Jean Macé, 2 rue général André 69 008 Lyon. Visite le :

21 mars 2009 de 10 à 13h

- Extraits de « Salles d’asile pour l’enfance de la ville de Lyon » 1935

-Luc Jean Noël : L’invention du jeune enfant au XIX è siècle (de la salle d’asile à la maternelle)

                                                

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