Par Jean-Jacques Roy

Ce château était situé à l'angle du cours Albert Thomas et de la rue Paul Sisley (anc. rue des Tournelles) Il fut démoli en 1934 lors de l'implantation à Lyon des usines suisses Saurer. Son origine reste incertaine, mais certains auteurs (Théodore Ogier) le faisait remonter au 14^ème siècle dans sa "France par canton" de par son architecture gothique.

D'autres auteurs (E. Bottet) vont même plus loin en remontant au 10 ^ème siècle et attribuent au château un rôle militaire lorsque le comte de Lyon Artaud 1° entreprit la défense de la cité contre les invasions arabes et hongroises de l'époque.

 Les autres châteaux de la rive gauche, la Buire, la Ferrandière, Gerland, Montchat, Montagny, Montvert, la Motte, auraient pu faire partie de ce dispositif de défense.Un des premiers propriétaires connus est Nicolas Girard, seigneur des Tournelles et du Tillay, conseiller du roi, lorsque ce dernier réalise une transaction commerciale (réf. 2) avec Gaspard Merle, secrétaire du roi et bourgeois de Lyon, en 1595.

Au début du 18 ^ème siècle, les Jésuites sont possesseurs des Tournelles qui devait être leur maison de campagne où ils se reposaient et cultivaient fruits et légumes. Ces religieux enseignaient depuis 1565 au collège de la Trinité devenu le lycée Ampère. Les Jésuites auraient créé la chapelle dont les restes étaient encore visibles en 1850.

Louis Henry (1698-1763), marchand voiturier originaire de Condrieu, leur achète les Tournelles dans la première moitié du 18 ^ème siècle. Son fils Michel-Mathieu né en 1736, conseiller-secrétaire du roi, épousa en 1768 Marianne Fourgon de Maisonforte. Ils eurent deux fils, Marie-Vital né en 1770 et Michel (1771-1835). Marie-Vital pris le titre de Baron des Tournelles sous lequel il fut généralement désigné, son nom Henry étant considéré comme son prénom. Marie-Vital épousa en 1811 Amélie de Régnauld de Parcieu et eurent 3 fils. Marie-Vital fit rédiger en 1827 par l'architecte Hotelard et le notaire Charbogne de Lyon le projet de lotissement "du village de Monplaisir et de la campagne de Sans-Souci". Il fut également maire de la Guillotière en 1816 et 1817 et conseiller municipal de 1822 à 1829. Marie-Vital fut fait chevalier de la légion d'honneur.
          Son fils, Gabriel-Alfred (1812-1888) vendit les Tournelles en 1850 par devant Maître Favre à Nicolas Luquin. La famille Henry aura donc occupé les Tournelles pendant plus d’un  siècle. En 1918 (acte du 29 mars passé devant W. Sylvain), les automobiles industrielles Saurer se rendaient acquéreur des Tournelles auprès de MM. Noël et Rouchon.
          Bien que le château fût démoli en 1934, la tour et sa poivrière avaient été épargnées et même classées monuments historiques. Fin août 1960, elles étaient livrées aux démolisseurs alors que le lieu était occupé par un auto-marché. Un des derniers vestiges de notre quartier disparaissait. En Novembre 1971, la chapelle de Saint Alban sera à son tour livrée aux bulldozers.

Références :

•      Les Tournelles  "Les Châteaux Historiques du Lyonnais et du Beaujolais" Emile Salomon, Editions de la République lyonnaise, 1936.

•      Le château des Tournelles, E. Bottet, revue Rive Gauche n° 24, Mars 1968.

•      La France par canton, la Guillotière, Théodore Ogier, 1844

                                                                       
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