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Sables et croix des Sables
Lyon Monplaisir 

 

        Versions : du 21/03/08 ;7/4/2010;20/2/2011  *                       

                                                                                 Par Maurice Charras

            Avant d’utiliser tous ces mots commençons par les définir en nous rendant sur le dictionnaire des mots du vieux français sur le site :  http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
Sablon
 : synonyme de sable ; lieu couvert de sable : plaine de sable. Extension : sable fin utilisé comme abrasif
Sablonnier
 : ouvrier qui extrait les parties meubles dans une carrière de sable
Sablonnière
 : lieu ou l’on extrait du sable.

                                                  Les sables 

L’entreprise de maçonnerie Vergne du 32 de la rue saint Nestor possédait à l’angle du boulevard Ambroise Paré et la rue Thomas Blanchet  une carrière de sable. Pour la construction d’immeubles HLM  l’entreprise fut expulsée de ce terrain vers les années 1950.
           La même entreprise avait aussi une carrière de gravier et sable sur un chantier situé à l’angle de la rue saint Maurice et de la rue Saint Nestor. Le sable était extrait à quelques 8 m de profondeur, transporté par wagonnets sur rails jusqu'à une benne, aussi sur rails et qu’un câble remontait. Câble qui s’enroulait autour d’un treuil électrique. Ces agrégats n’étaient utilisés que pour l’entreprise. La carrière fut rebouchée par du remblais de tout venant. Lors de la construction de l’immeuble à l’angle des 2 rues il fallut faire des fondations sur pilotis pour assurer la stabilité de l’édifice. L’entreprise fut fondée par Jean Vergne. Il est arrivé à Lyon en sabots et à pieds d’Auvergne vers 1900. En 1939 l’entreprise comptait 400 à 600 personnes. Elle cessa son activité en 1978.

Renseignements donnés par son petits fils (aussi un Jean)

                             Autre sablière en face de l’église de Saint Alban

            Au 70 de la rue Laënnec se trouvait une autre carrière de sable et graviers qui servit à la construction de la faculté de médecine et pharmacie ainsi qu’a l’école d’infirmières. Sablière qui servit ensuite de décharge par les riverains. Avec l’appui du Père Rémillieux elle fut squattée par des romanichels qui habitaient des roulottes tirées par des chevaux. Lors de la construction sur ces terrains d’HLM, certains de ces gens du voyage en furent les premiers occupants. (d’après J. Dole ancien habitant de ce quartier)

                                          Butte de Saint Alban

Sur la butte, à droite de l’église St Alban, au 2/3 de la hauteur se trouvait un immense  bac à sable. Environ 500 m² de terrain était décapé sur 30 cm où le sable apparaissait. Décapage effectué par des riverains pour utiliser un sable d’une qualité exceptionnelle et très propre. Tiens ! il devait y avoir peu de chiens à l’époque  ou plus exactement le quartier avait beaucoup de terrains « vagues » ou de jardins ce qui permettait leur vagabondage. Il passait aussi des voitures tirées par un cheval et dont le conducteur capturait les chiens errants pour les mettre en fourrière. Cet attelage était fort bruyant avec toutes ces bêtes qui aboyaient, enfermées dans une dizaine de cages.

             Photo de la famille Charlas: 1940/41  
  

 

 

Un hiver des années 1940/41 sur la butte de St. Alban

 

 

 

 

 

 

Dans les années 1939/1943 cette butte était un de nos terrains de jeux. Les enfants creusaient des souterrains et des grottes pour se cacher et « arriva ce qui devait arriver » un enfant mourut enseveli dans le sable. Aussi tous les enfants du voisinage eurent de sévères mises en garde avec interdiction de creuser.  En hiver quand la butte était couverte de neige (1938/1945) les enfants faisaient de la luge ou du ski et pour le 14 juillet le sommet était noir de monde pour admirer les feux d'artifices tirés de Fourvière. En 1943/1944 les Allemands y installèrent une batterie de DCA (défense contre avions)
        Au pied de cette butte il y avait une ferme avec un troupeau de moutons et aussi 2 gros mûriers (souvenir d'un élevage de vers à soie ?). En été, ces arbres étaient couverts de mures que nous ramassions pour faire la dînette.
        Nos parents nous laissaient « baruler » en vélo, comme l’on dit dans le midi, sans crainte de la circulation. Voit-on, aujourd’hui des enfants de 12 ans, seuls en vélo, dans les rues de Lyon ?

       D’après le Pelletier : Lyon pas à pas, tome 2 : « depuis le 18°siècle ce versant de la colline du Vinatier porte ce nom (de St Alban)  en raison d’un domaine et surtout d’une chapelle de ce nom. La
paroisse catholique à repris en 1960 le patronyme ancien 

                               Lieu dit: Les Sablons

Sont en bordure de la rue du Dauphiné, de la voie ferrée de l’est (qui dessert à l’époque Aoste et St-Genis-sur-Guiers) et la rue Feuillat. Visibles sur un plan de Lyon des années 1910/1920

                                          Rue des Sablonniers 

                                   « Attesté en 1824, Aujourd’hui rue du professeur Rochaix depuis 1953 ». Vraisemblablement devaient habiter dans cette rue des compagnons sablonniers

                                          Montée des Sables

                                   « Devient le 26 mars 1928 l’avenue Rockefeller suite à un don de la fondation Rockefeller de 41 millions de francs à la ville de Lyon pour la construction de la faculté de médecine »

                                         Chemin des Sables (3°)

                                   « Le nom provient des carrières de sable qui existaient dans le quartier. Attesté en 1884. Actuellement rue J. Verne » (elle prend sur l’avenue Lacassagne, près de la rue Feuillat

                                      Impasse du Sablon (3°)

« Attesté en 1903 » (elle prend route de Genas et vient buter contre la ligne de l’Est) soit à quelques 400 m du chemin des Sables

 Fondation Berliet

     Située au 39 de l'avenue Esquirol (69003), donc à 2 pas de la Montée des Sables, elle appartenait à Marius Berliet qui avait fait construire cette villa en 1911 sous la conduite de l'architecte lyonnais Paul Bruyas. Elle est située sur un terrain de 8.000 m² aménagé sur une carrière de sable ouverte et comblée par un volume impressionnant de bonne terre. Le paysagiste Linossier fut charger de le structurer et de l'arborer. En 1989 la demeure est inscrite à l'Inventaire des Monuments Historiques et labellisée en 2 000 "Patrimoine du 20° siècle"

                                            Croix des Sables ou de Saint Alban          

         Elle était située jusque dans les années 1965 à l’intersection de la grande rue de Monplaisir (avenue des frères Lumière) et de la rue Laënnec (promenade Léo et Napoléon Bulukian). Une croix figure sur le Mandement du Béchevelin de 1500 et sur le plan Mornant du XVIIIe siècle, mais il est impossible d’être sûr que la croix y figurant est celle d’aujourd’hui. Sur le cadastre de 1827 figure bien la croix Morlon ( notée "croix Morellon") à l'angle des rues A. Lumière et Bataille mais aucune croix ne figure à l'angle des rues Laënnec et Gde Rue de Monplaisir.
    Voici ce qu’écrit Mme André Meunier « Cette croix était installée à la pointe d’un terrain qui appartenait  à mon grand-père Joannès Rochon. En 1938 la ville a voulu élargir le carrefour entre la rue Laënnec et la Grande Rue de Monplaisir; mon grand-père a cédé la pointe du terrain sur laquelle était érigée la Croix des Sables en demandant qu’on replace la dite croix près de l’église saint Maurice ou elle se trouve  »
        Hélas la guerre de 1939 n’était pas loin et le projet fut exécuté vers les années 1965. Cette pointe de terrain était un jardin bordé à l’arrière par une bascule publique qui était entre la rue Laënnec et la Grande rue de Monplaisir ce qui permettait aux charrettes ou camions de rentrer par une rue et de sortir par l’autre. Rouliers ou chauffeurs pouvaient se désaltérer en face pendant la pesée car au rez-de-chaussée d’un immeuble de 2 étages se trouvait le café, bien nommé de la Bascule. Quatre grands jeux de boules se trouvaient à l’arrière du café. Après ces jeux de boules était installé un limonadier : les limonades La Perle. Mme Meunier nous dit « Dès sa première enfance mon père Jean Rochon, né en 1909, se rappelle avoir entendu dire qu’un relais de chevaux était autrefois installé dans la partie arrière de la propriété, face au chemin des Sablonniers, rue Professeur Rochaix aujourd’hui
        Après 1965  l’ensemble des bâtiments vétustes de ce petit triangle a été rasé pour créer une place publique avec de la végétation »
        Que de belles parties de foot cette croix a contemplées ! Parties qui se jouaient à l’ombre des robiniers (acacias en terme courant) plantés sur la placette formée alors  par la promenade Bulukian et son jardin. La croix  a perdu depuis quelques années son sommet, croix comprise. Déjà sur une carte postale, dont le tampon d’oblitération indique 26/1/1907, elle avait à mi-hauteur des attelles en fer forgé.
       La municipalité de Lyon a fait restaurée la croix en juillet 2007, voir photo.

N.B. Entre 5 anciens habitants des environs de la promenade Bulukian la date de transfert place saint Maurice de la croix des Sables varie de 1938 à 1965. Qui peut nous aider pour connaître la date exacte ?

La Croix des Sables en images

                                                                

          

 

 

 

               Croix des Sables en 1907 promenade Bulukian

 

 

 

 

 

              Croix des Sables place Saint Maurice photo ~1996 de J.L. Chavent*

 

                                                               

 

 

 

 

 

 

 

              Croix des Sables place Saint Maurice photo en 2006

 

 

 

 

 

 

               Croix des Sables place Saint Maurice rénovée en septembre 2007

               A l'arrière on aperçoit l'école privée de Saint Maurice construite
                   vers 1905, attribuée à l'architecte Sainte Marie Perrin qui participa
                   à la décoration intérieure de Fourvière et en 1896 construit l'abside
                   et le transept de l'église Saint Maurice **

      

    

  

           Et voilà comment l'on commet une erreur en écoutant " les ont dit "
Cette carte postale nous indique que l'école est due à l'architecte lyonnais
        Lenail

 

 

 

Bibliographie:                                    

  - Pelletier : Lyon pas à pas, tome 2 
  -  ** livret du centenaire de l'église Saint Maurice 1843-1943
  -  *  Lyon Méconnu 3: L'Est de Lyon et Villeurbanne par R.Neyret et J.L. Chavent. Edition Lyonnaise d'Art et d'Histoire
  -  La lettre de la Fondation de l'automobile Marius Berliet n° 139

 

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