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Par Jacques Navrot CLAUDE, LE FONDATEUR:
Claude Boulade (1820-1883) opticien, physicien et chimiste, fonda la maison d'optique Boulade en 1856, rue de l'Impératrice (actuelle rue Edouard Herriot) Un de ses amis fit la caricature ci-contre Voici ce qu'en disait son petit-fils, Antonin, lors du centenaire de sa maison, le 3 décembre 1956, à Monplaisir : "Ceux qui ont vu son portrait véritable ont pu avoir conscience que
le dressage de la famille a dû être bien fait... il ne devait pas falloir
plaisanter ! C'était un homme qui aimait le
travail et la science. Il avait horreur des ignorants. Lassé de vendre des
baromètres à des gens qui ne savaient pas les consulter, il entreprit d'écrire
à leur intention une brochure fort intéressante et complète sur la pression atmosphérique en
altitude et sur le baromètre... Ce fut un bourgeois lyonnais, ardent
républicain militant. Avec son cousin, le docteur Crestin qui a laissé son nom à une rue proche d'ici (dans le 7° arrondissement), il
s'honorait d'avoir planté lui- même le drapeau de la République sur
l'Hôtel de ville de Lyon en 1848, trophée que nous avons encore dans la famille... ". LEO ET ANTONIN,
AERONAUTES ET INVENTEURS Léo (1867-1943) et Antonin (1869-1929) entamèrent,
à la Martinière, d'excellentes études. Léo était de la même promotion
(1881-1884) qu'Edouard ROCHET, deuxième fils du constructeur de vélocipèdes
dont le magasin était, au N°7 de la place des Jacobins, proche de celui des
Boulade (N° 8). Les deux camarades parcouraient à pied, quatre fois par jour, la rue Centrale des Jacobins aux Terreaux, ce qui assurait de joyeux moments. Ni l'un ni l'autre ne
pensait avoir, un jour, la charge d'une grande entreprise. La mort de leur père mit fin aux études des deux Boulade. A quatorze ans, Antonin se trouva même privé de sa
deuxième année de "Martin". Rendons-lui la parole : "Ces
jeunes gens imberbes vont prendre des
responsabilités lourdes, diriger un magasin ou tout est technique. Ils demandèrent à leur
mère de venir à la caisse pour leur donner de
l'assurance. Le soir, ils sont inscrits à de nombreux cours de science et travaillent avec acharnement. Ils
arriveront au niveau nécessaire pour mener leur affaire. Au bout de peu d'années, ce niveau est dépassé. Leurs affaires se développent, leur réputation grandit. Ces jeunes gens n'auront rien eu de la lénifiante ambiance des
"fils à papa". Leur éducation fut sévère et très vite, ils durent
prendre leur rôle d'hommes. Leurs détentes : des excursions avec le Club Alpin. Puis, bien vite, ils
furent passionnés d'aérostation. Les premières voitures aussi déclenchèrent
leur enthousiasme. Ils vivaient le commencement d'une époque passionnante. ils
s'y donnèrent à plein. Leur groupe d'amis, tous des hommes énergiques et des
pionniers de leur époque : les frères Lumière, les frères Givaudan, Edouard
Rochet, constructeur d'automobiles, Seyewetz, collaborateur des frères Lumière,
Paul Sisley (le chimiste) pour ne parler que de quelques-uns. Monplaisir fut
leur domaine d'élection". Passionnés par tout ce qui touche à
l'optique et à la photographie, Léo et Antonin prirent de nombreux brevets de
fabrication: appareils photographiques à magasin (1890), stéréoscopes,
lanternes de projection photographique (1896), lampes à arc pour projection
cinématographique (1896...).
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Albert Balasse En 1895, la fabrication prenant un essor considérable, ils vendent la
maison de détail de la place des Jacobins et créent une usine de fabrication de
dispositifs photographiques spéciaux à Monplaisir, 4 rue Saint Gervais, puis un
atelier plus important au 38 de la rue des Tuiliers, en 1899. Passionnés d'aérostation, comme l’a dit Antonin, ils
firent de nombreuses photos aériennes et observations météorologiques. Leurs
ascensions de la place Bellecour et de diverses places de Lyon sont restées
fameuses dans la mémoire des Lyonnais de cette époque. Antonin fut président de l'Aéro-Club du Rhône de
1898 à 1929 et adhérent de l'Aéro-Club de France dès 1901. En 1908, Antonin habitait au 2 bis du chemin de
Monplaisir à Saint Alban (Promenade Bullukian) et Léo, avec sa mère, 8 rue
Saint Gervais. Vers 1929/1930 ils firent construire la villa "La Reine des Prés" au 16 de la rue Saint Gervais dont l'appellation
est visible au carrefour du mail Saint Nestor sur un fronton déposé à cet endroit.
En 1929, la fabrication locale a duré plus d'un quart de siècle ; elle
est maintenant supplantée par l'industrialisation (en 1924, le premier Leica
fait son apparition après la pellicule et les appareils Kodak de Monsieur
Eastman en Amérique). Léo Boulade, resté seul à la tête de l'usine familiale, (son frère ayant
pris, dès 1917, la direction du "Carburateur Zénith", chemin
Feuillat), abandonne la fabrication et reprend la vente au détail de l'optique
et de la photographie. Fidèle au quartier de Monplaisir, il s'installe 69 Grande Rue de Monplaisir (actuelle avenue des Frère Lumière). Antonin,
lui, organisera et dirigera les usines lyonnaise et anglaise du Carburateur
Zénith. Il s'est spécialisé dans la réalisation de photos aériennes.
L'Exposition de 1900 lui décernera un Grand Prix. D'après son petit-fils Antonin Boulade : « Léo essaya d'utiliser
une partie de l'outillage et des locaux de
la rue des Tuiliers pour d'autres usages, mais il dut se résigner à les
vendre. Sa consolation fut de reprendre le détail de l'optique lunetterie qu'il avait toujours aimé. Déjà âgé et bien
malade, il traça la voie à ses enfants
en leur laissant le premier
magasin de Monplaisir. Même pour
l'activité de détail, il avait foi en ce quartier auquel il était profondément attaché. Personnalité et opticien brillant,
il n'avait jamais amassé de fortune. Ainsi, la troisième génération eut-elle à faire le même effort que
les deux générations précédentes, mais elle reçu de ces deux première un bien plus précieux : l'exemple du travail,
de l'honneur commercial et du service avant profit. C'est peut-être là le secret des maisons centenaires ! » ANTONIN, LA TROISIÈME GENERATION
En 1938, Antonin-Joseph dit Antonin Boulade, le fils de Léo, né le 22
mai 1915 reprend le magasin et, en 1942, ouvre une deuxième succursale, 113
avenue des Frères Lumière, (face à Calor). En 1950 est créée une annexe, 4
rue Saint Pierre de Vaise, dans le neuvième arrondissement. La maison
fête son centenaire en 1956 au cours d'une réception présidée par un Adjoint au
Maire et en présence de nombreuses personnalités dont le Général Seive qui
avait bien connu Antonin Boulade, (l'oncle) dont il partageait la passion pour
la photo aérienne. Nous avons donné, plus haut, des extraits du discours du petit-fils de Claude Boulade, le fondateur de la maison. Une exposition
rétrospective d'optique et de photographie présentait de nombreuses curiosités
depuis l'appareil automatique de prises de vues panoramiques jusqu'au tout
premier phonographe, aux premiers appareils de photo et autres jouets scientifiques
en passant par des souvenirs personnels souvent émouvants : brevets d'invention
et photos aériennes en couleurs des pionniers, Antonin et Léo Boulade, célèbres
aéronautes (d'après René Fonteret à RTF Lyon le 4
décembre 1956 à 12 h 27 dans l'émission "Boulevard des Ondes"). Un agrandissement des locaux de Monplaisir fit installer en
1958 l'atelier et le laboratoire au n°8 place Ambroise Courtois. Un nouveau
magasin fut créé place du 11 novembre, au rond point du Bachût, "installation
moderne et fonctionnelle pour un meilleur service" dit la brochure. Pour le 110ème anniversaire Antonin Boulade, Président Directeur Général dit:
"Plusieurs générations de Lyonnais nous ont apporté leur confiance. Nous continuerons
notre effort pour mériter la vôtre". En 1967 fut acheté sur plan un grand et
magnifique local où seront regroupés les deux boutiques de Monplaisir, 188 avenue
des Frères Lumière. II fut inauguré en juin 1973 avec antenne au N°2 de l’avenue
Paul Santy. En 1988 eut lieu une exposition sur et par la maison Boulade à la mairie
du 8° arrondissement sous la
présidence du maire, Monsieur Batailly. L'année
suivante, plusieurs employés de la maison reçurent la médaille du travail des
mains de Monsieur Michel Noir, maire de Lyon. Puis, comme nous l'a confié
Madame Marie-Rose Boulade : "La concurrence féroce des grandes surfaces,
la disparition des usines de l'arrondissement, la crise de 1990, tout a
contribué à une baisse de fréquentation. L'âge et la maladie obligèrent
Antonin Boulade à arrêter son activité en à 1998 après 56 ans de travail qui
lui ont mérité la médaille des 40 ans du 8° arrondissement remise au printemps 1999 Voir aussi l'article sur Louis Boulade, le résistant. BIBLIOGRAPHIE - Article paru dans la revue Rive Gauche n°161 de juin 2002 - Plaquette du Centenaire des Etablissements Boulade (1955) - Cent ans d'aéronautique lyonnaise par E. Large (La Taillerie 1998). - Entretiens
avec Antonin et Marie-Rose Boulade (2001).
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