Les Boulade a  Monplaisir
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Noms de rues et Plans 

                                                             Par Jacques Navrot
Version 1/10/2011
Mise à jour 29/4/2012

   CLAUDE, LE FONDATEUR:

                            

Claude Boulade (1820-1883) opticien, physicien et chimiste, fonda la maison d'optique Boulade en 1856, rue de    l'Impératrice (actuelle rue Edouard Herriot) Un de ses amis fit la caricature ci-contre

Voici ce qu'en disait son petit-fils, Antonin, lors du centenaire de sa maison, le  3 décembre 1956, à Monplaisir :

"Ceux qui ont vu son portrait véritable ont pu avoir conscience que le dressage de la famille a dû être bien fait... il ne devait pas falloir plaisanter !   C'était un homme qui aimait le travail et la science. Il avait horreur des ignorants. Lassé de vendre des baromètres à des gens qui ne savaient pas les consulter, il entreprit d'écrire à leur intention une brochure fort intéressante et complète sur la pression atmosphérique en altitude et sur le baromètre... Ce fut un bourgeois lyonnais, ardent républicain militant. Avec son cousin, le docteur Crestin qui a laissé son nom à une rue proche d'ici (dans le 7° arrondissement), il s'honorait d'avoir planté lui- même le drapeau de la République sur l'Hôtel de ville de Lyon en 1848, trophée que nous avons encore dans la famille... ".

LEO ET ANTONIN,  AERONAUTES ET INVENTEURS

Léo (1867-1943) et Antonin (1869-1929) entamèrent, à la Martinière, d'excellentes études. Léo était de la même promotion (1881-1884) qu'Edouard ROCHET, deuxième fils du constructeur de vélocipèdes dont le magasin était, au N°7 de la place des Jacobins, proche de celui des Boulade (N° 8). Les deux camarades parcouraient à pied, quatre fois par jour, la rue Centrale des Jacobins aux Terreaux, ce qui assurait de joyeux moments. Ni l'un ni l'autre ne pensait avoir, un jour, la charge d'une grande entreprise. La mort de leur père mit fin aux études des deux Boulade. A quatorze ans, Antonin se trouva même privé de sa deuxième année de "Martin". Rendons-lui la parole :  "Ces jeunes gens imberbes vont prendre des responsabilités lourdes, diriger un magasin ou tout est technique. Ils demandèrent à leur mère de venir à la caisse pour leur donner de l'assurance. Le soir, ils sont inscrits à de nombreux cours de science et travaillent avec acharnement. Ils arriveront au niveau nécessaire pour mener leur affaire. Au bout de peu d'années, ce niveau est dépassé. Leurs affaires se développent, leur réputation grandit. Ces jeunes gens n'auront rien eu de la lénifiante ambiance des "fils à papa". Leur éducation fut sévère et très vite, ils durent prendre leur rôle d'hommes. Leurs détentes : des excursions avec le Club Alpin. Puis, bien vite, ils furent passionnés d'aérostation. Les premières voitures aussi déclenchèrent leur enthousiasme. Ils vivaient le commencement d'une époque passionnante. ils s'y donnèrent à plein. Leur groupe d'amis, tous des hommes énergiques et des pionniers de leur époque : les frères Lumière, les frères Givaudan, Edouard Rochet, constructeur d'automobiles, Seyewetz, collaborateur des frères Lumière, Paul Sisley (le chimiste) pour ne parler que de quelques-uns. Monplaisir fut leur domaine d'élection".

Passionnés par tout ce qui touche à l'optique et à la photographie, Léo et Antonin prirent de nombreux brevets de fabrication: appareils photographiques à magasin (1890), stéréoscopes, lanternes de projection photographique (1896), lampes à arc pour projection cinémato­graphique (1896...).

      

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Ces 2 photos sont publiés avec l'autorisation Copyright © Le Compendium / Albert Balasse
D'après Wikipédia:
Un compendium est typiquement un abrégé ou un condensé, sous la forme d'une compilation, d'un corpus de connaissances
Bibliographie:

http://www.lecompendium.com/dossier_optique_13_microscope_a_tambour_boulade/microscope_boulade.htm

En 1895, la fabrication prenant un essor considérable, ils vendent la maison de détail de la place des Jacobins et créent une usine de fabrication de dispositifs photographiques spéciaux à Monplaisir, 4 rue Saint Gervais, puis un atelier plus important au 38 de la rue des Tuiliers, en 1899.

Passionnés d'aérostation, comme l’a dit Antonin, ils firent de nombreuses photos aériennes et observations météorologiques. Leurs ascensions de la place Bellecour et de diverses places de Lyon sont restées fameuses dans la mémoire des Lyonnais de cette époque.

Antonin fut président de l'Aéro-Club du Rhône de 1898 à 1929 et adhérent de l'Aéro-Club de France dès 1901.

En 1908, Antonin habitait au 2 bis du chemin de Monplaisir à Saint Alban (Promenade Bullukian) et Léo, avec sa mère, 8 rue Saint Gervais. Vers 1929/1930 ils firent construire la villa "La Reine des Prés" au 16 de la rue Saint Gervais dont l'appellation est visible au carrefour du mail Saint Nestor sur un fronton déposé à cet endroit.

                           

     En 1929, la fabrication locale a duré plus d'un quart de siècle ; elle est maintenant supplantée par l'industrialisation (en 1924, le premier Leica fait son apparition après la pellicule et les appareils Kodak de Monsieur Eastman en Amérique).

Léo Boulade, resté seul à la tête de l'usine familiale, (son frère ayant pris, dès 1917, la direction du "Carburateur Zénith", chemin Feuillat), abandonne la fabrication et reprend la vente au détail de l'optique et de la photographie. Fidèle au quartier de Monplaisir, il s'installe 69 Grande Rue de Monplaisir (actuelle avenue des Frère Lumière). Antonin, lui, organisera et dirigera les usines lyonnaise et anglaise du Carburateur Zénith. Il s'est spécialisé dans la réalisation de photos aériennes. L'Exposition de 1900 lui décernera un Grand Prix.

     D'après son petit-fils Antonin Boulade : « Léo essaya d'utiliser une partie de l'outillage et des locaux de la rue des Tuiliers pour d'autres usages, mais il dut se résigner à les vendre. Sa consolation fut de reprendre le détail de l'optique lunetterie qu'il avait toujours aimé. Déjà âgé et bien malade, il traça la voie à ses enfants en leur laissant le premier magasin de Monplaisir. Même pour l'activité de détail, il avait foi en ce quartier auquel il était profondément attaché. Personnalité et opticien brillant, il n'avait jamais amassé de fortune. Ainsi, la troisième génération eut-elle à faire le même effort que les deux générations précédentes, mais elle reçu de ces deux première un bien plus précieux : l'exemple du travail, de l'honneur commercial et du service avant profit.  C'est peut-être là le secret des maisons centenaires ! »

                             ANTONIN, LA TROISIÈME GENERATION

            En 1938, Antonin-Joseph dit Antonin Boulade, le fils de Léo, né le 22 mai 1915 reprend le magasin et, en 1942, ouvre une deuxième succursale, 113 avenue des Frères Lumière, (face à Calor). En 1950 est créée une annexe, 4 rue Saint Pierre de Vaise, dans le neuvième arrondissement.

            La maison fête son centenaire en 1956 au cours d'une réception présidée par un Adjoint au Maire et en présence de nombreuses personnalités dont le Général Seive qui avait bien connu Antonin Boulade, (l'oncle) dont il partageait la passion pour la photo aérienne.

           Nous avons donné, plus haut, des extraits du discours du petit-fils de Claude Boulade, le fondateur de la maison. Une exposition rétrospective d'optique et de photographie présentait de nombreuses curiosités depuis l'appareil automatique de prises de vues panoramiques jusqu'au tout premier phonographe, aux premiers appareils de photo et autres jouets scientifiques en passant par des souvenirs personnels souvent émouvants : brevets d'invention et photos aériennes en couleurs des pionniers, Antonin et Léo Boulade, célèbres aéronautes (d'après René Fonteret à RTF Lyon le 4 décembre 1956 à 12 h 27 dans l'émission "Boulevard des Ondes").

           Un agrandissement des locaux de Monplaisir fit installer en 1958 l'atelier et le laboratoire au n°8 place Ambroise Courtois. Un nouveau magasin fut créé place du 11 novembre, au rond point du Bachût, "installation moderne et fonction­nelle pour un meilleur service" dit la brochure.

      Pour le 110ème anniversaire  Antonin Boulade, Président Directeur Général dit: "Plusieurs générations de Lyonnais nous ont apporté leur confiance. Nous continuerons notre effort pour mériter la vôtre".

           En 1967 fut acheté sur plan un grand et magnifique local où seront regroupés les deux boutiques de Monplaisir, 188 avenue des Frères Lumière. II fut inauguré en juin 1973 avec antenne au N°2 de l’avenue Paul Santy.

       En 1988 eut lieu une exposition sur et par la maison Boulade à la mairie du 8° arrondissement sous la présidence du maire, Monsieur Batailly. L'année suivante, plusieurs employés de la maison reçurent la médaille du travail des mains de Monsieur Michel Noir, maire de Lyon. Puis, comme nous l'a confié Madame Marie-Rose Boulade : "La concurrence féroce des grandes surfaces, la disparition des usines de l'arrondissement, la crise de 1990, tout a contribué à une baisse de fréquentation. L'âge et la maladie obligèrent Antonin Boulade à arrêter son activité en à 1998 après 56 ans de travail qui lui ont mérité la médaille des 40 ans du 8° arrondissement remise au printemps 1999
Le 12 décembre 2005 Antonin Boulade nous quitta à l’âge de 90 ans
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Voir aussi  l'article sur Louis Boulade, le résistant.

            BIBLIOGRAPHIE

     - Article paru dans la revue Rive Gauche n°161 de juin 2002     

     - Plaquette du Centenaire des Etablissements Boulade (1955)

     - Cent ans d'aéronautique lyonnaise par E. Large (La Taillerie 1998).

     - Entretiens avec Antonin et Marie-Rose Boulade (2001).

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