Si aujourd'hui de nombreux pont franchissent le Rhône à Lyon, il n'en a pas toujours été ainsi. Construire un ouvrage franchissant un fleuve aussi large et puissant a longtemps constitué pour les batisseurs un véritable défi.
Ainsi, le pont de La Guillotière, d'aiileurs plusieurs fois détruit et reconstruit entre le XIIème le XVIème siècle, constituait un des très rares passages possibles pour franchir le Rhône. Il a fallu attendre 1772 pour voir un second pont, construit par Morand, franchir ce fleuve à Lyon.

plan LYON 16eme w

Sur ce plan du 16ème siècle, seul le pont de la Guillotière relie Lyon à la rive gauche du Rhône. Le confluent se situe ecore à Perrache. Ce n'est qu'au 18ème siècle, lors des travaux d'agrandissement de la Presqu'île, sous la direction de l'ingénieur Perrache, qu'il sera repoussé à La Mulatière.


Beaucoup de routes et de chemins convergeaient donc vers l'extrémité orientale du pont de La Guillotière, reliant Lyon aux routes de Cremieu, des Alpes et de l'Italie. Près de cette extrémité du pont naquit un embryon d'agglomération, qui deviendra plus tard la ville de La Guillotière.
Autour de ces voies de communications, s'étalent des champs cultivés appartenant souvent à de gros propriétaires, des fermes isolées ou des granges et quelques châteaux (comme le château des Tournelles dont une des tours fut conservée jusque dans les années 1960). Ce paysage n'évoluera que très peu jusqu'au début du XIXème siècle.

Puis, durant la première moitié du XIXème siècle, de part et d'autre de la route de Lyon à Chambéry (notre Avenue des Frères Lumière aujourd'hui) commencent à se multiplier les activités liées au transport des marchandises : hostelleries, remises, charrons, maréchaux-ferrants. Les logements de ces gens de metier deviennent de plus en plus nombreux et cotoient désormais les autres demeures et les fermes.

C'est également dans cette période qu'une partie de la population lyonnaise, aux revenus souvent modestes, commence à rechercher des logement meilleurs marchés et plus sains qu'en centre ville. Or à cette époque, à l'emplacement des actuels boulevards des Tchécoslovaques et Vivier-Merle, s'établit la ceinture de fortifications de la ville de Lyon construite entre 1830 et 1849: des fossés remplis d'eau relient des forts et des lunettes. Les voies ferrées ne sont pas encore enterrées. C'est donc au-delà de ces obstacles, à Monplaisir notamment, que ces nouveaux habitants vont venir s'installer.

Les terrains qui s'étalaient de part et d'autre de la route de Chambéry (Avenue des Frères Lumière aujourd'hui) étaient partagés par quelques gros propriétaires, dont Henry de Tournelles. Devant l'expansion de Lyon, celui-ci décida dès 1827 de découper une partie de son domaine « du village de Monplaisir et de la campagne de Sans-Souci » en petites parcelles entre lesquelles furent tracés des chemins se coupant à angles droits. Ces lots furent ensuite mis en vente. Sur ces terrains s'établirent des villas entourées de jardins et quelques maisons ouvrières. Ainsi naquit vraiment le quartier de Monplaisir, sorte de petite ville à côté de la cité lyonnaise.
Toutefois, le développement de Monplaisir restait encore freiné par son éloignement de... Lyon ! Eh oui, seules deux à trois diligences quotidiennes assuraient la liaison avec la ville. En 1881, la mise en service d'une ligne de tramways à chevaux va marquer le début du véritable essor du quartier.

Quelques usines viennent compléter le tissu urbain : en 1883, la Société des Plaques & Papier Photographiques Antoine Lumière& Fils implante un petit atelier rue saint Victor ; en 1901, le constructeur d'automobiles Rochet Schneider s'installe chemin Feuillat.Dans son ouvrage Lyon des origines à nos jours, paru en 1925 chez Masson, A.Kleinclausz nous dit : « L'étude de détail du développement de la population de Monplaisir montre qu'entre 1856 et 1896 le nombre de maisons a décuplé tandis que celui des habitants quintuplait. De 1896 à 1911, l'accroissement tombe aux environs de 15% pour les maisons et 25% pour les habitants. » Il décrit ainsi le quartier : « Les maisons, pour la plupart villas ou maisons ouvrières, se ressemblent beaucoup ; elles sont basses, ne comportant qu'un ou deux étages. Cependant quelques immeubles atteignent trois ou quatre étages. L'aspect du quartier demeure encore peu urbain. Quelques usines se mêlent aux habitations. »

 

Plan Jayr1847 w

L' extrait de plan ci-dessus a été "levé, dessiné et gravé sur pierre sous l'Administration et avec l'approbation de M. JAYR, Pair de France, Préfet du Rhône". Il est publié en 1847. Attention, il n'est pas orienté au Nord! Passant sur la droite du fort de la Motte, traversant le plan de haut en bas, et incliné vers la gauche, on distingue trés nettement la route nationale 6 de Lyon à Chambéry (Avenue des Frères Lumière).
Tout en bas du plan et à droite de l'avenue, la "Promenade de Monplaisir" n'est autre que la Place Ambroise Courtois.