Givaudan
Lyon Monplaisir 

 

 

Par   E. Gilles-Di-Pierno 
Mise en page, adaptation Maurice Charras
Actualisation le 10/2/2011  *

Un peu d'histoire,...

C'est à la fin du XIX ème siècle que Xavier Givaudan, après ses études de médecine  à l'école du Professeur Crolas, comprend très vite que les officines pharmaceutiques seront supplantées par l'industrie dans la fabrication des médicaments. En 1891, il crée avec Antoine Trouillat une première usine située montée de Choulans. En 1895, il achète également, avec son frère Léon, un terrain à Vernier, près de Genève, et fonde avec lui la Société Léon Givaudan et Compagnie qui se fait rapidement connaître des parfumeurs. Dans les années suivantes la Société Givaudan et Trouillat se développe. Après la mort d'Antoine Trouillat en 1906, Xavier Givaudan s'associe en 1908 avec François Lavirotte et crée la Société Givaudan-Lavirotte et Compagnie. L'entreprise prospère et, en 1914, elle s'implante chemin de Combe Blanche (actuelle rue Paul Cazeneuve) sur l'emplacement d'une ferme de maraîchers en fruits et légumes, de 1,9 hectare. Son implantation s'achève en 1919. En 1917, la Société Léon Givaudan et Compagnie acquiert un terrain mitoyen au site, d'une superficie de 2,3 hectares, et engage la construction d'une usine dont les chaudières alimentent aussi les ateliers de Givaudan-Lavirotte (et ce jusqu'en 1920). C'est donc à partir des années 20 que les deux Sociétés, Givaudan-Lavirotte et Léon Givaudan et Cie occupent le site actuel d'une superficie totale de 4,2 hectares. Le développement des deux entreprises se poursuit malgré les épreuves de la guerre de 1914, de la crise de 1929 et de la deuxième guerre mondiale.


En 1926, un dimanche après-midi, un incendie vient détruire complètement un grand atelier de Givaudan et Lavirotte. En quelques mois tout fut reconstruit, les appareils remplacés et la fabrication reprit.
En 1934 de nouvelles chaudières alimentent en vapeur les 2 usines, et en 1939 la guerre interrompt les fabrications, la mobilisation vide l’usine de la majorité de son personnel. Après quelques mois de flottement les fabrications reprennent. Avec les restrictions les 2 entreprises ont vendu au personnel des légumes et même de la choucroute fabriquée à l’usine.

Avec les alertes il fallait arrêter les appareils, la chaufferie, et aller se mettre à l’abri. Le 26 mai 1944, à 11 heures du matin, une alerte fut suivie d'un bombardement, par erreur, d’avions  Anglais. Une bombe touche l'usine Léon Givaudan et tombe sur la tranchée servant d'abri. Bilan tragique : 11 morts et plus de vitres dans les usines. Les laboratoires, services expéditions, magasins… sont détruits. Les appareils de production sont épargnés.

 

 

En 1953,Givaudan-Lavirotte signe un accord avec l'américain Aries et le Suisse Lonza et devient le leader mondial de la production d'acide nicotinique. En 1954 se développent les productions des gluconates et des glucoheptonates.
En 1960, Rhône-Poulenc entre dans le capital de Givaudan-Lavirotte.
En 1963, Léon Givaudan et Cie est vendue à Hoffman-Laroche qui baptise l'établissement de Lyon : Givaudan France.
En 1964, Rhône-Poulenc regroupe sur le site de Givaudan-Lavirotte toute sa production de glycérophosphates.

C'est le 29 juin 1979 qu'une violente explosion survient sur le site de Givaudan France tuant un ouvrier, en blessant douze autres et détruisant trois maisons du voisinage. Cet accident suscite la création d'une association « Mieux vivre à Lyon 8 ème » qui milite pour le départ des établissements industriels.
Les années 80 seront pour Givaudan-Lavirotte celles de l'adaptation et de la restructuration. Des scénarii de déménagement sont envisagés à partir de 1985 mais abandonnés car trop coûteux. Le 10 juillet 1991, Rhône-Poulenc cède Givaudan-Lavirotte à SEPPIC filiale de l'Air Liquide. Givaudan-Lavirotte devient alors seulement une structure de production, SEPPIC assurant la commercialisation, ce qui se traduit par le départ de l'équipe commerciale.

Depuis, c'est une autre histoire qui s'écrit...

Le Présent...

 

                     Givaudan-Lavirotte

56 rue Paul Cazeneuve (à côté du Lycée Lumière) 69 008 Lyon

                                  

Occupe un terrain de 2,5 hectares. La Société emploie une soixantaine de personnes. Sa production est principalement constituée d’actifs à destination des marchés pharmaceutiques et nutritionnels. Elle produit des lucoheptonates, des gluconates, des glycérophosphates, fructoheptonates et cosmétiques (lipacides et lipoprotéols). Depuis 1992, Givaudan Lavirotte s’est engagée dans une politique de Qualité Totale dont les éléments indissociables sont la qualité des installations, des produits et des services, la protection de l’environnement, la sécurité et l’hygiène au travail. Elle a investi plus de 1,5 m€ dans des projets concernant aussi bien le traitement de déchets,  la prévention de pollutions atmosphériques, la protection des sols que les études de risques ou la gestion raisonnée des ressources naturelles.

Le site a été certifié ISO9002 en 1995 puis ISO 9001 en 2003. Il est soumis à autorisation au titre de la législation des installations classées

    Givaudan France Fragrances SAS

62 rue Paul Cazeneuve. 69 008 Lyon

                                      

Occupe un terrain de 2,4 hectares dont 0,9 hectare de bâtis. Depuis le milieu des années 90 les salles de mélanges parfums et arômes ont été transférées vers d'autres sites du groupe, seule la production d’ingrédients pour la parfumerie et les arômes subsiste. Ainsi la production globale de l'usine est passée de 4 200 tonnes à 2 200 tonnes et ses effectifs de 190 salariés à 70 environ.
Actuellement cette usine produit une partie importante de la production mondiale d'aldéhydes gras ainsi que des esters et des dérivés de la girofle. Le stockage sur site est très limité; les produits finis sont expédiés par camions.
Progressivement l’utilisation de produits toxiques a été supprimée. Le site est certifié ISO 9001 (Qualité) et ISO 14001 (Environnement) et est classé Seveso seuil bas en raison du stockage et de l’utilisation de produits classés toxiques pour l’environnement.

Fermeture de l’usine Givaudan Fragance:

              Le 25/10/2008 le Journal Le Progrès de Lyon annonce la fermeture du site de Lyon de Givaudan Frangance sis au 62 de la rue Paul Cazeneuve 69008 Lyon pour la fin mars 2009. Cette nouvelle a consterné les employés et les habitants du quartier des Etats-Unis, la pluspart du personnel y demeurant. Voilà un site industriel, d’environ 2,4 ha dont 8 300 m² construit, qui va changer d’occupation après avoir appartenu depuis 1917 à Givaudan, lequel a décidé de le vendre après remise en état complet c’est-à-dire le vendre terrain nu et dépollué. Mais après 91 ans d’occupation « chimique » où les problèmes d’environnement n’existaient  pas ou peu jusqu’aux années 1980, la tâche s’annonce redoutable.
             
Démolition, pardon c’est un terme qui ne s’emploie plus remplacé par déconstruction, de la même manière que nous n’avons plus de femmes de ménage ou de cantonniers mais des employés(e) de maison ou des agents de surface.
 
                                     

                                            Déconstruction du site 

       Mr. Chaize directeur technique prend en charge le projet de Givaudan. Il est décidé une déconstruction exemplaire qui sera conforme à toute la législation en vigueur. Ainsi :
    - Les cuves et les canalisations sont lavées et séchées avant déconstruction entre avril et août 2010
    
- Les parties amiantées sont entreposées dans un bâtiment sous dépression pour être ensilées dans 13 « big-bags » En particulier de l’amiante fut trouvé dans le mastic  des verres des sheds, dans le crépissage de certains murs, dans la colle des revêtements de sol en linoléum sans oublier l’ignifugeage de canalisations.


 
         

   

 

 

 

 

  

                                                Vue générale du chantier en Février 2011

Démolition des superstructures :
      Les bâtiments sont soient découpés par sciage ou grignotage avec arrosage pour limiter les poussières. 96% des matériaux sont alors concassés à l’extérieur de l’agglomération et seront ensuite réutilisés comme remblai.

  

                           
                                                           Photo d'avril 2010 : démolition de la cheminée de la chaufferie à gaz

Démolition des infrastructures :
     Le sol est analysé par un maillage du terrain : des mailles de 25 m par 25 m pour les terres non polluées ou de  5 m par 5 m en cas de pollution nécessitant un traitement spécial. Les remblais rapportés au début de 20° siècle sont chargés en métaux plus ou moins toxiques, par exemple le mâchefer qui  provenait de l’usine à gaz du quartier de Gerland.
    Les terres polluées de dioxine sont transportées par camions  bâchés après passage dans un « rouesdiluves » pour éviter de polluer les rues. Elles sont déversées dans des barges au port E. Herriot, débarquées à Arles, expédiées près de Nîmes pour être traitées dans une usine spécialisée et finalement incinérées à Fos-sur-Mer.

 

                                     Photo de février 2011         

        

Remblais chargés de COV :

COV = Composé Organique Volatil. Les principaux sont pour ce site : benzène, toluène et le  trichloréthylène. Ces COV se sont infiltrés dans la terre. Les terres polluées de COV sont  criblées et dépolluées sur place, dans la grosse tente que l’on voit sur la photo. La dépollution est exécutée par ventilation car les COV sont très volatils. Les vapeurs passent sur un filtre à base de charbon actif.  Ces terres dépolluées sont envoyées en décharge contrôlées .

Remblais non pollués:
             sont
criblés et triés sur place et dirigé vers une décharge.

Remblais chargés fortement en métaux:
             sont expédiés vers une cimenterie

 Mesures de sécurité :
       4 arbres ne sont pas impactés car leur terre n’est pas polluée (2 chênes et 2 platanes) et tous les autres sont coupés
Certaines analyses sont faite plusieurs fois par jour. Des échantillons sont envoyés dans 2 laboratoires indépendants
Al Control pour BG Ingénieurs Conseils et Eurofin pour SITA. En effet 2 laboratoires d’analyses sont pris pour être sur des résultats.
Les mesures de vibrations au sol sont faites en continu.
Une station d’analyse de l’air est installée devant le lycée Lumière pour servir de référence par rapport au chantier.

Le chantier est arrosé pour éviter les poussières.

Avancement des travaux en février 2011 :

        -  A ce jour (février 2011) 80% des remblais sont enlevés
        -  D’avril à mai destruction des infrastructures :
bassin de rétention d’eau, dalles et routes intérieures

 Fin de la restructuration du site : Septembre 2011

Le terrain sera plus ou moins en forme de bol dont la profondeur maximum  sera de 6 m. Cette solution a été retenue car pour les futures constructions des garages seront certainement prévus en sous-sol

Fin de la restructuration du site : Septembre 2011

         Devenir :
     Actuellement, février 2011, le terrain est toujours propriété de Givaudan Fragances. Des pourparlers sont en cours pour la destination finale avec les autorités régionales: le Conseil Régional, le Grand Lyon et la Mairie du 8°. Il est prévu de maintenir une activité économique : pépinière d’entreprises, zone artisanale … Le débat est en cours !

       Bibliographie :
              Article de Baetz dans la revue Harmonie n°1 du printemps 1960
              Article de Charles-E. Gounod dans la revue Information n°77 printemps 1992

                 Article du Progrès d'avril 2010
              Article du Progrès du 25/10/2008

 

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